Pourquoi ce nom de « Oingt » porté par les trois communes et finalement repris au XXIe siècle ?
L'archéologie fournit des traces ténues de l'occupation gauloise de « Val d'Oingt » : des tessons de céramique repérés sur des sites gallo-romains postérieurs et quelques toponymes à la racine gauloise.
Nous savons par les écrits de César que nous sommes en territoire ségusiave.
Nos trois communes se situent sur les chemins d'une circulation de la Loire à la Saône, se croisant à « Iconium ».
Après la conquête, ce territoire est incorporé à la vaste province de la Lyonnaise. Nous n'avons de cette période aucune inscription qui nous donne un toponyme local, mais l'archéologie nous permet de décrire une large mise en valeur du territoire, une population rurale dense en habitat dispersé.
Les sites d'habitat rural gallo-romains connus ne sont éloignés que de quelques centaines de mètres les uns des autres.
C’est au haut Moyen-âge que naissent les premiers villages et avec la christianisation, les premières paroisses. Les archives donnent à Saint-Laurent - qui ne s’est pas d’emblée appelé « d’Oingt » - la primauté de la fondation. Son patronyme remonte aux premiers temps du christianisme, Saint-Laurent est un martyr du IIIe siècle.
Au Xe siècle, Saint-Laurent devient par legs un prieuré de l’Abbaye de Savigny.
À Oingt, le château fort à motte, construit avant l’an 1000, pour protéger la croisée des chemins et les biens du Péager des raids hongrois, est chargé en 1060 de la défense du Prieuré de Saint-Laurent. C’est alors que le château « d’Oingt » donne son nom à Saint-Laurent afin de le distinguer des autres Saint-Laurent, nombreux dans la région, selon l’usage médiéval pour localiser mieux les lieux dont les noms sont trop fréquents.
La même explication vaut pour un toponyme banal en pays calcaire comme « Buis » à l’origine du troisième « Oingt » celui du bois !
Dans ce même XIe siècle, le seigneur laïque d’Oingt dont les possessions s’étendent jusqu’à Légny et au-delà, fait bâtir une église dans les buis d’Oingt entre ses deux châteaux et il distribue des terres en alleu à des paysans pour leur mise en valeur.
« Lou boué d’Yen » devient par la francisation du franco-provençal, le Bois d’Oingt.
Les « trois Oingt » baptisés ainsi par leurs liens avec les Seigneurs d’Oingt, dénouent ensuite ces liens pour d’autres alliances, à partir du XIIIe siècle et jusqu’à la Révolution de 1789 qui achève leur individualisation, mais conservent leur nom.
Trois communes devenues progressivement autonomes se réunissent finalement en 2017.
La paroisse d’Oingt se crée au XIIIe siècle par la nécessité de fournir aux habitants de Saint-Laurent, un lieu de culte hors du domaine de l’Abbaye de Savigny qui est excommuniée entre 1244 et 1248, (l'église est interdite). La salle de garde du vieux château d’Oingt, voisine de sa chapelle ( laquelle échappe à l’excommunication car elle dépend de l’Archevêché de Lyon) offre donc refuge au culte.
C’est ainsi que Oingt, par une péripétie très « médiévale » devient une paroisse puis une commune en 1792. Son territoire s’agrandit au détriment de Saint-Laurent et de Theizé offrant aux habitants des hameaux un bourg et un centre paroissial plus proche d'eux.
Le Bois d’Oingt, déjà institué comme paroisse, comme exposé plus haut, dénoue ses liens avec les seigneurs d’Oingt au XIVe siècle pour rejoindre la Seigneurie de Bagnols.
À la Révolution, le Bois d’Oingt qui a supplanté Oingt par sa prospérité et le nombre de ses habitants devient le chef-lieu du canton : c’est le début de sa supériorité administrative.
Le canton du Bois d’Oingt, anciennement « lyonnais » devient en 1792 « beaujolais » et est rattaché à l’arrondissement de Villefranche.
Saint-Laurent d'Oingt, première paroisse fondée en Val d' Oingt, a été amputée d’une partie importante de ses terres (quoiqu’elle soit encore la plus vaste des trois), au cours des temps. En 1792 lors de la création des communes, elle perd 11 hameaux au profit de Oingt.
Les caractères propres à chaque « Oingt » se sont donc modelés au cours de l’histoire depuis l’époque médiévale.
Les mentalités, la sociologie, la culture, l’économie se sont diversifiées, créant des « identités de clocher » encore perceptibles, parfois « sensibles », et pourtant ces trois « Oingt » ont réussi leur fusion au sein d’une nouvelle commune, bien nommée « Val d’Oingt ».
L’histoire nous suggère que cette fusion n’est peut-être à l’échelle du temps long, qu’une péripétie dans cette évolution mouvante des limites en fonction des réalités politiques de chaque époque.
Documentation historique : Andrée Margand, membre de l’association « les Amis du vieux Oingt » et de « Va Savoir ». Texte établi par Renée Dupoizat, membre de l’association « Va Savoir ». Toutes deux membres de la Fédération des associations « Patrimoine des Pierres Dorées ».